mercredi 18 juillet 2012

Zettai Kareshi


"Prenez garde à vos rêves, car ils risquent de se réaliser", écrivait Mary Wesley en 1984 (merci Wikipedia...). Plus récemment, Placebo chantait: "Protège-moi de mes désirs". Chacun choisira la référence qui lui convient le mieux, l'important étant de se rejoindre sur la proximité entre l'essence de ces citations et le thème introductif de Zettai Kareshi, une comédie romantique adaptée d'un manga et diffusée en 2008.

De quoi s'agit-il? Izawa Riiko, OL intérimaire dans une société de confection de pâtisseries, ne rencontre pas le succès espéré, ni dans sa vie professionnelle, ni sur le plan sentimental et affectif. Elle est donc le parfait cobaye pour accueillir quelques jours chez elle un prototype de robot humanoïde destiné à jouer, pour les femmes solitaires, le rôle du parfait fiancé. On s'en doute, cette étrange cohabitation se révèle particulièrement propice à bon nombre de situations comiques. En effet, si Night reproduit les comportements d'un amoureux enflammé, il ne dispose pas du bon sens commun qui lui permettrait d'éviter les manifestations affectives ou les déclarations amoureuses dans les situations qui ne s'y prêtent guère. Difficile de ne pas comprendre le stress et la gêne d'une Riiko poursuivit par les assiduités démonstratives de son robot. Et quel foi accorder à des actes ou des paroles pré-programmés émanant d'un tas de métal?


Naturellement, le comique de la situation vient de ce décalage entre la femme et la machine, mais la situation n'est, à vrai dire, pas uniquement humoristique. Au-delà de ses gaffes, Night propose bien tous les avantages du parfait amant: bel homme, dévoué, patient, attentionné, affectueux, toujours à encourager sa partenaire, à lui sourire, à la complimenter, sans compter qu'il se révèle être une vraie fée du logis et un comptable scrupuleux. Finalement, pour chacun et chacune d'entre nous, quel(le) est vraiment le ou la partenaire idéal(e)? Quelles exigences avons-nous envers lui ou elle? D'une certaine façon, la série place la femme japonaise devant ses contradictions: bien qu'on lui donne l'homme idéal, Riiko n'a de cesse de le repousser. Bien évidemment, il ne s'agit pas de fustiger spécifiquement la gent féminine, mais, si on replace le drama dans le contexte social japonais, on ne peut que constater que Zettai Kareshi taquine gentiment les désirs féminins qui se sont faits jour au Japon depuis la fin des années 80 et ont mis à mal la relation homme-femme y ayant traditionnellement cours. Même si le pragmatisme des mariages de raison existe toujours - on repense ici aux fameux "3 kô": kô-shinchô = grande taille; kô-gakureki = bonne instruction; kô-shûnyû = haut salaire - les Japonaises ne s'en satisfont plus et expriment leur envie d'être séduites, soutenues, aimées... Si on en croit les chiffres parus ces dernières années sur le célibat, dans ce pays où le mariage semble demeurer une institution fondamentale, la divergence entre les attentes archaïques de nombreux hommes et celles, plus modernes, des femmes n'est pas encore résolue. En conséquence, même si ce drama se veut avant tout un divertissement, il s'inscrit dans une thématique sociale particulièrement prégnante au Japon.


Ainsi, comme je l'évoquais en préambule, la comédie un peu bouffonne fondée sur les relations compliquées femme-robot n'est bien qu'un thème parmi d'autres, d'abord très présent puis ouvrant la porte à d'autres. S'y ajoute donc un thème social, mais également et de manière logique, un questionnement amoureux. Au fil des épisodes, la question des sentiments d'un être humain envers un "compagnon" - quelle détermination adéquate employer? - finit par devenir centrale. La série n'étant pas à un élément invraisemblable près, les scénaristes ont ainsi eu l'intelligence de développer le personnage de Night pour le faire sortir de sa posture de simple robot et permettre ainsi de donner quelque crédibilité à ces questions: les sentiments humains sont-ils nécessairement réservés à nos congénères? Quelle est alors la vraie nature de ces sentiments? Peut-on s'en satisfaire? Par exemple, Night ne vieillit pas, ni ne peut avoir d'enfants, des thèmes importants dans un projet de couple. Ainsi, au milieu des rires, le téléspectateur est invité à réfléchir plus ou moins consciemment à l'importance et à la nature des sentiments.


Pour atteindre leur objectif d'à la fois faire rire et émouvoir leur audience, les promoteurs de Zettai Kareshi n'ont pas hésité à accumuler les invraisemblances propres aux récits de science-fiction et aux contes de fée. Et pourquoi pas? Si les évènements de la série sont censés se dérouler dans notre monde contemporain, l'absence de crédibilité des faits n'a pas vraiment d'importance. Dès lors qu'on laisse son esprit cartésien derrière soi, rien n'interdit de s'abandonner aux développements tumultueux de la relation entre Riiko et Night. C'est d'ailleurs à cette seule condition qu'on pourra pleinement profiter des scènes émouvantes qui clôturent la série.


Pour dire un mot des acteurs quand même, je soulignerai d'abord l'interprétation d'Hayami Mokomichi (Densha Otoko, Tokyo Tower, Hatakari Man, Shinzanmono, Rebound...), qui joue un être artificiel plus vrai que nature. Pour une fois que le physique fort peu naturel de la nouvelle vague d'acteurs japonais apporte une valeur ajoutée à un drama, comment ne pas le saluer? Dans le rôle de Riiko, Aibu Saki (Ushi ni Negai wo, Buzzer Beat, Rebound...) surjoue quelque peu son personnage de jeune femme très ordinaire, fleur bleue et souvent dépassée par les évènements, mais son hystérie au regard de ce qui lui arrive m'apparaît suffisamment compréhensible pour ne pas lui en tenir rigueur. Quant au reste du casting, Mizushima Hiro (Tokyo Dogs...), en troisième pointe d'un triangle amoureux, ne m'aura pas laissé un souvenir impérissable, pas plus que Ueno Natsuhi dans le rôle d'une collègue enquiquineuse. A contrario, j'ai fait la connaissance avec ce drama de Maya Miki, sympathique chaperonne du couple vedette, et de Sasaki Kuranosuke, concepteur et père de Night, deux acteurs que j'ai depuis lors toujours eu plaisir à revoir dans les séries regardées depuis.


Comme le laisse entendre la phrase précédente, j'ai en effet regardé Zettai Kareshi peu de temps après sa diffusion, en 2008. A quel point, le fait que cette série japonaise fait partie des premières que j'ai visionnées contribue à enjoliver les souvenirs qu'il m'en reste? Avec le nombre de dramas vus depuis, j'aurais peut-être aujourd'hui des exigences supérieures. Pourtant je pense aussi qu'être capable d'en avoir un souvenir vivace quatre ans plus tard offre une garantie sérieuse d'avoir passé un vrai bon moment devant cette comédie romantique. Très drôle tout en étant loin d'être stupide, émouvante parfois, voilà en tout cas une série qui ne pourra que détendre nos neurones et - qui sait? - peut-être même les processeurs de nos fidèles compagnons électroniques.


---



8/10 : Somehow I really enjoyed that one. Personal fave.



The complete details about Zettai Kareshi on drama-wiki
Zettai Kareshi with English subs

2 commentaires:

Kerydwen a dit…

Comme toi j'ai regardé Zettai Kareshi lors de sa diffusion et il s'agit par conséquent d'un de mes premiers j-dramas. J'en garde un excellent et très chaleureux souvenir. Malgré quelques défauts assez mineurs, il réussit parfaitement à être romantique, drôle et touchant à la fois. Je ne m'en souviens pas dans le détail mais je sais qu'il fait partie de cette catégorie de j-dramas que je me plairais à revoir.
Connaissant bien le manga d'origine (et la mangaka), je partais pourtant peu enthousiaste. Or, la série a réussi à proposer une adaptation assez libre tout en étant bien meilleure que l'original. J'ai dans l'idée de commencer très prochainement la version taïwanaise mais je la sens assez mal :/

Asa a dit…

Merci pour ton commentaire! Peu après avoir rédigé cette note, je suis allé voir chez toi ce que tu en disais. Apparemment, mes souvenirs étaient à peu près fidèles, je n'ai donc pas écrit trop de bêtises et, comme souvent, nous partageons le même avis! Je ne connaissais pas du tout le manga par contre et j'ai donc regardé Zettai Kareshi sans a priori. Au final, bonne pioche puisque la série s'est révélée être un divertissement très sympa :)