samedi 14 juillet 2012

Nihon e yokoso (X)

Dix jours. Tel est le temps que j'aurai tenu avant d'être entraîné dans une demi-journée de shopping... J'avais évité la veille les petites boutiques, je n'esquiverai pas la visite des grandes enseignes que sont Muji, Uniqlo et Marui. En attendant l'heure d'ouverture, nous déambulons dans le Namba Park, un immense complexe commercial, aux terrasses arborées, faisant presque oublier qu'on se situe dans le cœur dense et urbain d'Osaka. A cette heure de la mâtinée, seuls les jardiniers et quelques photographes en goguette hantent les lieux et ne suffisent pas à en troubler la sérénité.




Vient donc le moment d'errer dans les travées des magasins. Comme on peut s'y attendre, tout est propre, bien rangé et le personnel nombreux. Une visite dans un Muji suffirait à trouver le nécessaire pour équiper de A à Z un logement, sans compter qu'avec cette recherche effrénée de la satisfaction du client, on trouve beaucoup de petites choses, certes dispensables, mais bien pensées et qu'on imagine fort pratiques. Uniqlo surfe sur la même vague, en proposant quelques modèles mais avec une gamme de tailles et de couleurs suffisamment large pour satisfaire tout le monde. Après un pillage en règle des rayons et, ayant épuisé de mon côté mon intérêt sociologique pour les grandes enseignes nipponnes et leurs clients, nous reprenons le shinkansen (et nos ekiben) direction Hiroshima!



A la gare d'Hiroshima, une charmante personne de l'office du tourisme nous explique comment nous rendre à notre hôtel en tramway. Celle-ci prend soin de nous fournir les explications dans un Japonais lent et bien articulé. Généralement, ces personnels s'attendent à devoir parler anglais avec les touristes occidentaux. Logique. Lorsqu'ils se rendent compte qu'ils peuvent s'exprimer en japonais, le soulagement qu'on lit sur leur visage est assez comique, mais avec pour conséquence de les faire basculer en "mode automatique" et donc débiter à vitesse normale tout un baratin bien huilé, le tout avec toutes les formulations honorifiques qui vont bien. Voilà qui n'est pas forcément facile à suivre. Bref, fin de la parenthèse et, après avoir déposé nos bagages à l'hôtel, nous sommes partis pour l'inévitable parc du mémorial de la paix.
En sus du musée, ledit parc propose des dizaines de monuments dédiés tant à la paix qu'à la mémoire des victimes de la guerre en général, de la bombe atomique en particulier. De nombreux collégiens se pressent sur le site, notamment devant le monument des enfants où sont suspendus des milliers de grues en papier. En plus des "Haro! Haro!" (hello) que nous lancent les gamins des classes que nous croisons, nous sommes interpelés par une petite bonne femme rondouillarde et riante, bientôt rejointe par une comparse. Après quelques questions basiques sur notre provenance et notre visite du Japon, vient la grande interrogation: "do you like peace"? C'est une question du concours Miss France ça, non? J'ai envie de répondre que je suis pour la mort, le meurtre et la destruction, mais nous sommes au Japon, le pays de la courtoisie, donc je garde mon humour pour moi. Après quelques minutes de bavardage embarrassé sur Dieu, la foi, la paix, nous arrivons à nous esquiver poliment, non sans s'être vus remettre quelques prospectus et extraits de la Bible. Conclusion: même en traversant la moitié du globe, on n'échappe pas aux prêches des témoins de Jéhovah...


 



Monument emblématique d'Hiroshima, le Gembaku Dome témoigne par sa seule présence de ce jour d'août 1945 où fut utilisée pour la première fois une bombe atomique à l'encontre d'êtres humains. Construit en béton dans les années 1910, ce bâtiment, situé à seulement 600m du lieu de l'explosion (celle-ci ayant eu lieu à environ 150m du sol), fut l'un des rares à ne pas être purement et simplement vaporisés par l'explosion, contrairement aux centaines de maisons en bois. Conservé tel quel, ses cicatrices ne peuvent que laisser une impression durable à ses visiteurs.





A la verticale précise du point d'explosion de la bombe.
La nuit vient et, armés d'un guide peu explicite, nous tentons de rejoindre un restaurant recommandé pour sa spécialité locale: l'okonomiyaki. Nous nous heurtons de plein fouet à la signalétique nébuleuse des rues japonaises. Après de longues déambulations, découragés et affamés, nous voyons une petite enseigne lumineuse indiquant, en retrait de la route, un restaurant spécialisé en okonomiyaki. Qu'à cela ne tienne, essayons et espérons qu'il fera l'affaire. Après tout, l'obsession des Japonais pour le fraîcheur et l'hygiène, ainsi que leur gourmandise, assurent que, quel que soit l'endroit où on se rend à dîner, le résultat sera toujours, au pire correct, généralement très bon. Nous entrons dans une toute petite salle où on a tout juste la place de s'assoir sur des chaises hautes autour d'une grande plaque de cuisson faisant office de comptoir. Le patron, un trentenaire souriant et amical, s'offre de préparer devant nous deux okonomiyaki d'Hiroshima, un standard et un spécial. Sirotant nos bières, nous le regardons préparer avec dextérité la spécialité locale: le résultat est succulent! L'échoppe est minuscule, mais tout est propre, pimpant, les aliments sont frais... Je me dis à cet instant: "voilà le Japon comme j'avais envie de le vivre"! Un restaurant d'habitués, un patron qui met à l'aise, une musique lounge, une bière fraîche, un plat local sain et excellent... tout le nécessaire pour un délicieux moment de détente, chaleureux et confortable. Et ainsi, au milieu de toutes les merveilles vues lors de ce séjour au Japon, je garderai une place particulière dans mes souvenirs pour cet intermède au Nagiya.







(Cliquez sur cette légende pour un lien Google Map)

2 commentaires:

Katzina a dit…

Bravo et merci pour ces beaux récits et ces superbes photos ! Tu as fait un superbe voyage on dirait, et c'est un vrai plaisir de revoir des lieux que j'ai visités il y a 2 ans et d'en découvrir de nouveaux.
Je relirai tes billets avec attention pour étoffer ma liste de lieux à visiter :).

Asa a dit…

Et merci à toi d'avoir pris la peine de lire ces billets et de commenter celui-ci! Je vais essayer de finir le récit de ce voyage très prochainement. Encore 4 ou 5 billets et je fermerai ce livre de souvenirs. Ce sera alors à mon tour de suivre avec attention tes prochaines aventures nippones.

La photographe te remercie pour tes compliments, que je lui ai transmis. Attendu que c'était un peu la course et que les badauds ne manquaient pas, ce n'était pas toujours évident de faire de jolies photos mais l'objectif était surtout de conserver des impressions et d'essayer de transmettre une ambiance. On espère que c'est réussi :)