mercredi 31 août 2011

M no Higeki


Au-delà du plaisir de l'écriture, la rédaction de ces critiques me permet de mieux comprendre ce qui m'attire dans les dramas. Parmi les points forts de ce type de production, j'ai envie de souligner particulièrement la dimension humaine et cette compréhension intime des ressorts du cœur. Loin d'un manichéisme occidental, fondé sur une opposition Bien / Mal par nature et qui donc n'a plus besoin de s'embarrasser d'explications, les dramas prennent souvent le soin de s'attarder sur les motivations et sentiments qui accompagnent les actes des personnages. L'excès en toute chose étant mauvais, le retour en arrière récurrent sur le traumatisme d'enfance d'untel ou d'unetelle, afin d'expliquer son comportement x années plus tard, n'est certes pas toujours le bienvenu. Néanmoins, ce volet psychologique, si fortement présent dans la production télévisuelle japonaise, offre généralement aux personnages une profondeur et une véracité certaines, d'ailleurs probablement indispensables si on veut pouvoir attacher le téléspectateur à ceux-ci en l'espace de quelques épisodes. M no Higeki constitue un exemple abouti de cette volonté d'exposer la mécanique de l'âme humaine.

A vrai dire, il s'agit même du cœur de l'intrigue de ce drama dont l'un des deux principaux protagonistes, Aihara Misa (Hasegawa Kyoko), semble porter une colère profonde à l'égard de l'autre. La situation d'Ando Mamoru (Inagaki Goro) est d'autant plus inconfortable qu'il ne sait pas pourquoi il se trouve être l'objet d'un tel ressentiment. Les raisons n'étant exposées que tardivement, on a ainsi largement le temps de compatir aux malheurs d'un personnage qui, dans l'ensemble et malgré quelques défauts de caractère, a pourtant tout du brave type. Comment ne pas s'imaginer à la place de cet homme ordinaire qui voit son monde s'effriter sous les coups de butoir qui lui sont portés par une femme dont les motivations lui échappent complètement? Comment ne pas grimacer devant l'imagination perverse déployée par celle-ci pour l'enfoncer plus bas, toujours plus bas, jusqu'à le noyer dans le désespoir? Chaque timide éclaircie n'est finalement qu'un leurre avant que ne soit porté le coup suivant. En termes de machiavélisme, on ne peut que reconnaître au scénariste (Hashimoto Hiroshi, également auteur de Karei naru Ichizoku) un indéniable talent, quitte à en faire parfois souffrir le réalisme de l'histoire.

Inagaki Goro incarne avec réussite ce personnage commun, raisonnable et un peu lâche, qui se retrouve perdu, hagard, perclus d'angoisses... et finalement poussé à sortir de sa coquille pour affronter le monde et ses responsabilités. Hasegawa Kyoko réalise quant à elle sa performance la plus aboutie, du moins au regard des autres rôles que je lui connais (Boku dake no Madonna, Dragon Zakura, SCANDAL...). Elle joue à merveille cette femme rongée par la mélancolie et dont la vengeance semble être une dernière tentative de s'accrocher encore à une vie dont les couleurs ont disparu. Une revanche triste donc, sombre et désespérée, qui emplit totalement le personnage d'Aihara Misane, sans que jamais - mais n'est-ce pas logique? - elle n'y trouve une réelle satisfaction. Plus encore que les motivations issues du passé, ce sont bel et bien les sentiments des deux protagonistes au regard des évènements en cours qui m'ont touché par leur humanité et leur réalisme. Etant qui plus est entourés par une galerie de personnages également au ton juste, l'ensemble est un régal pour le téléspectateur à mi-chemin entre voyeurisme et émotion.

Il est dès lors fort dommage que le scenario se soit égaré au cours d'une seconde partie qui ne ressemble ni plus ni moins qu'à une resucée de la première. Inutile de préciser que la recette ne fonctionne plus que très moyennement, même si une certaine tension reste suffisamment palpable pour générer l'envie d'aller au bout. On aura en tout cas déjà compris le message sur la nécessité d'être responsable de ses actes et de porter les yeux sur les autres plutôt que sur son propre nombril. Merci. Cette fausse note mise à part, M no Higeki est un drama très recommandable, représentatif des qualités propres aux séries japonaises telles que je les évoquais plus haut. Les passionnés de l'âme humaine qui passeraient outre feraient donc, à n'en pas douter, une erreur tragique.


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7/10 : At least worth checking out.


Official Site
The complete details about M no Higeki on drama-wiki
M no Higeki with English subs

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