samedi 19 février 2011

Rinjo

Ma tentative de décryptage des séries policières japonaises se poursuit avec Rinjo, un drama qui a remporté un franc succès au Japon en 2009, au point de se voir attribuer une seconde saison dès l'année suivante. Or, non seulement, il est assez rare dans le petit monde de la télévision japonaise que des suites soient produites, notamment dans un délai aussi bref, mais celle-ci a en plus réussi à dépasser les audiences de la première saison, un phénomène encore moins courant!

En l'occurrence, Rinjo nous invite à suivre les aventures d'un officier de police, Kuraishi Yoshio (Uchino Masaaki), chef de la cellule médicolégale en charge des premières observations sur les scènes de crime. De manière fort peu inattendue, on retrouve les ingrédients qui font tout le charme - ou l'ennui - des séries policières classiques. Le personnage principal, excentrique et pris de haut par ses collègues policiers, dispose d'un indéniable talent qui le rend indispensable aux yeux de sa hiérarchie. Bien évidemment, les conclusions de ses expertises vont toujours à contre-courant des pistes suivies par ses confrères, pour s'avérer finalement exactes. N'oublions pas le binôme constitué dudit chien fou et de son contraire, un jeune officier de police frais émoulu connaissant par cœur le manuel du parfait petit inspecteur carriériste et dont la loyauté comme les ambitions seront remises en cause par son admiration croissante pour les méthodes de son supérieur... Non! Ne me reprochez pas de dévoiler les développements de la série! Ceux-ci sont de tels lieux communs qu'on ne saurait en faire des éléments-clés de l'intrigue.

En un sens pourtant, la dénonciation de ce qui semble être d'un classicisme absolu, doit peut-être s'accompagner d'une certaine modération. Je dois prendre ici un certain nombre de précautions en avouant que ma perception de la société japonaise est probablement contestable, voire parfois erronée. Pour autant, de ce qu'il me semble en comprendre, dans une culture extrêmement policée, l'excentricité du personnage principal constitue un élément beaucoup plus frondeur que dans notre monde occidental où provocation rime avec reconnaissance. Alcoolique, bagarreur, mal attifé, grossier dans son attitude, irrespectueux envers ses chefs, toujours en retard au travail, Kuraishi est l'exact opposé de l'homme modèle japonais. Il est curieux d'observer que la télévision nippone met régulièrement en avant des personnages dont la rébellion contre l'ordre établi produit des résultats qu'on ne saurait attendre des suiveurs d'une société engoncée dans ses pesanteurs et ses certitudes. Par le biais de ses antihéros, le petit écran jouerait alors un rôle catharsique pour une audience avide d'exutoires avant de reprendre le cours d'une vie dûment encadrée.

La question est ouverte, mais constitue peut-être un élément d'explication quant au succès de cette série. Il faut relever que l'institution policière représente tout à la fois le visage et la garante principale de l'ordre établi, mais également un monde marginal puisque côtoyant quotidiennement une violence extra-ordinaire qu'elle peut elle-même être appelée à utiliser. Ce quasi trouble dissociatif fait de la police un terreau idéal pour y planter un héros "positif" tout en étant rebelle et excentrique, ce qui, encore une fois, semble beaucoup plus paradoxal au Japon qu'en Occident. Ajoutez à cela des épisodes indépendants aux scenarii assez bien ficelés, quoique sans grande originalité, une ambiance générale plutôt réaliste et un casting efficace, notamment s'agissant du rôle-titre, et vous obtenez une série policière qui se regarde sans déplaisir ni lassitude. Ces éléments risquent cependant de s'avérer quelque peu limités pour le téléspectateur occidental qui serait avant tout en recherche de suspense et de nouveauté.


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6/10 : That wasn’t too bad, I guess. But never worth a rewatch.


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vendredi 18 février 2011

Shinzanmono

Il est un genre dont je me fais assez peu l'écho sur ces pages alors même qu'il représente une large part de ma consommation de dramas: le policier. La raison de cette quasi absence résulte de la recherche effrénée d'une série qui saura me laisser une sensation légèrement supérieure à l'équanimité que m'inspire l'immense majorité des séries policières nippones. Malheureusement, Shinzanmono ne s'extrait pas vraiment de ce morne lot.

En réalité, mon entrée en matière est quelque peu injuste vis-à-vis de cette catégorie de dramas. Il est certain que le regard que j'y porte est affecté par mon attrait pour les séries policières, type The Shield, qui nous viennent d'outre-Atlantique. Si je ne m'attendais pas à retrouver ce genre de productions glauques et musclées au Japon, je dois avouer ma surprise à tomber perpétuellement sur des séries qui semblent au contraire verser dans une tendance totalement inverse. Pourtant, dans d'autres types de programmes ou media, on ne peut pas dire que les Japonais fassent réellement la fine bouche sur les excès en tous genres. Rien de tel dans ces dramas d'une sobriété surprenante! On se demande même parfois si la série ne serait pas qualifiée de "policière" uniquement parce-que son personnage principal appartient aux forces de l'ordre et Shinzanmono constitue à ce titre une excellente illustration.

Partant de l'assassinat mystérieux d'une femme dans un arrondissement populaire typique de Tokyo, l'inspecteur Kaga (Abe Hiroshi) va s'immiscer dans la vie du quartier pour tenter de retrouver l'assassin. La construction de la série est alors très simple: à chaque épisode, du fait de son témoignage bancal, un nouvel habitant se retrouve dans la ligne de mire de l'enquêteur. A noter que le rapport dudit témoignage avec l'affaire semble parfois fort nébuleux, voire quasi inexistant. On prend donc rapidement conscience que le meurtre initial n'est finalement qu'un prétexte à cette série, dont l'objet semble plutôt de faire du téléspectateur un voyeur baladé au cœur de la vie d'un quartier où se dévoilent les petits mensonges et les grands secrets, les disputes familiales et les querelles de voisinage. On serait presque surpris d'être ramené à l'enquête principale au dernier épisode!

Alors, certes, l'ensemble se laisse regarder distraitement, d'autant plus que le casting est aussi riche qu'impeccable, mais j'avoue mon désarroi de m'être retrouvé devant l'équivalent japonais d'un feuilleton télévisé sur France Télévision quand je cherchais tout simplement un bon polar avec un soupçon de noirceur et - au diable l'avarice! - quelques gouttes d'hémoglobine. Ma recherche de la série policière japonaise dont l'intrigue me tiendra en haleine d'un bout à l'autre du récit se poursuit donc...


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6/10 : That wasn’t too bad, I guess. But never worth a rewatch.



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