jeudi 16 décembre 2010

Haikei, Chichiue-sama


Regarder des dramas a régulièrement pour conséquence inattendue de me donner... faim. En effet, la gastronomie japonaise, loin de la nourriture insipide servie par les restaurants chinois parisiens reconvertis en fournisseurs de brochettes et sushis excessivement bas de gamme, constitue une part inhérente de la culture transmise par les séries télévisées nippones. Autant dire qu'un drama ayant pour cadre un restaurant traditionnel japonais ne pouvait qu'exciter mon intérêt en même temps que mes papilles.


Et il faut bien reconnaître que sur le plan culinaire, je ne fus pas déçu. Haikei, Chichiue-sama permet en effet de découvrir la scène mais également les coulisses de ces restaurants de prestige où les mets les plus raffinés sont préparés avec un soin qui confine à l'art et présentés suivant un cérémonial d'un raffinement exquis. Pour un japanophile, la plongée dans cet univers traditionnel est un régal. Sans doute pour aller de pair avec cette atmosphère si distante de la fureur du temps présent, la série se déroule sur un rythme particulièrement lent. Les récits de Kuramoto Sou (auteur également de Kaze no Garden) adoptent de toute façon toujours ce tempo syncopé, pour laisser aux téléspectateurs le plaisir de savourer des récits paraissant se dérouler hors du temps. Malheureusement, si l'intention est louable et le cadre superbe, le contenu de l'histoire en lui-même souffre sur la durée d'un manque d'épaisseur rédhibitoire. Conséquence fâcheuse, au fil des onze épisodes de ce drama, l'ennui finit par sérieusement guetter le téléspectateur.


Car, au fond, que veut-on nous raconter? Le restaurant se trouve au cœur de l'affrontement classique entre gardiens de la tradition et promoteurs d'un réalisme qui s'appuie sur les exigences financières du temps présent. Cette lutte, qui se déroule au sein même de l'enseigne, s'étend également à toute une communauté urbaine héritière d'une culture et d'un art de vivre voués, semble-t-il, à l'oubli. Intéressant mais un peu court. Or, si le scénariste a bien pensé à compléter cette trame par l'histoire personnelle du personnage principal, Tawara Ippei (Ninomiya Kazunari), le résultat est pour le moins décevant bien qu'attendu. En effet, je n'aime pas Nino. Son air d'éternel gamin pré-pubère ne m'a jamais permis d'accrocher à ses personnages et ce fut malheureusement encore le cas. Sa recherche d'un père inconnu, comme son couple improbable avec la belle Karasawa Naomi (Kuroki Meisa), en plus de faire un soporifique surplace, n'ont rien de convaincants. Les très nombreuses scènes dans lesquelles il apparaît n'ont généré chez moi qu'une torpeur lasse. Si ce triste résultat, qui vient gâcher la charmante poésie de ce drama, n'est peut-être pas entièrement de son fait, on ne peut s'empêcher de penser qu'un acteur plus charismatique aurait certainement pu porter davantage cette série.

Ainsi, en dépit de son intérêt culturel, de ses personnages secondaires convaincants et de son atmosphère nostalgique contagieuse, cette série s'est distinguée à mon endroit comme étant celle que j'ai mise le plus de temps à achever: plusieurs mois se sont en effet écoulés avant que je n'en vienne enfin à bout. En conclusion, et on me pardonnera ce jeu de mots facile, abordé avec appétit, Haikei, Chichiue-sama m'a clairement laissé sur ma faim...


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